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Un grand Rien.

par Nico Dipolo

Cher Cloud,

Laisse moi te parler d'un grand moment de rien. C'était un peu comme un soir de pluie, sauf que c'était la nuit. Une nuit d'été, quand l'orage vient tout juste de s'en aller. Les gouttes tombantes faisaient une douce chansons sur les feuilles des arbres, accélérant quelque fois leur tempo, comme pour ne pas qu'on les oublie. Un ou deux papillons de nuit cherchaient encore frénétiquement un abri dans cette ambiance d'accalmie. Moi, j'étais là, sur le bord de ma fenêtre, à ne pas pouvoir dormir, attendant que Morphée se réveille et vienne contribuer à l'équilibre de mes jours. Et dans tout ça, il ne se passait rien. Vraiment rien. Certes, au loin, une voiture ou deux carburaient bien pour rentrer dans leur garage, croisant parfois un camion faisant le plein de temps économisé, mais dans ce quasi-silence nocturne, rien ne me semblait important. Il fallait juste attendre. Le temps s'écoulait naturellement avec les gouttes d'eau dans les rigoles que forment les feuilles qui toujours les accueillent ; inexorable fatalité de l'existence. Cela aurait pu être le bon moment pour penser, pour élaborer quelques réflexions essentielles sur la vie, le monde, ou pour échafauder quelques plans machiavéliques qui auraient donné au petit jour l'ambition des matins qui chantent, mais non. Rien ne me semblait digne d'intérêt, et je n'avais plus que le goût du ciel pour occuper ma nuit. Paresse. Car elles paraissent bien épaisses, les heures qui nous séparent des rêves, en même temps qu'elles nous rapprochent de nous. Comme il n'est parfois de plus horrible compagnie que notre esprit divorcé de toute volonté. Présence insupportable que nous sommes pour nous-même dans ces moments de désœuvrement et de vide. Parce qu'encore une fois, il ne se passait rien. Vraiment rien. Pas même un ange, pas même qu'on mange! Rien. Et voilà qu'on songe néanmoins à ce "Rien", cet absolu qui pourrait être le masque d'un "Tout" ? D'autres l'ont mieux exprimé, parfois même expliqué, mais cher Cloud, toi qui sûrement les connais bien mieux que moi, dans l'ennui profond où je me trouve rien qu'au souvenir de cet instant, je n'ai même pas le courage de les citer!

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