L'automne alentours

Cher Cloud,

Avec septembre qui s'installe et l'automne qui s'annonce, voici qu'autour de moi la grisaille fait signe de tout bords, et feu de tout bois. Un décès, puis plusieurs, une maladie qui se déclare, un amour qui s'éteint. Le ciel pourtant résiste de ces éclats bleus, quoique plus pales, mais indiscutablement, une triste saison s'approche à grand pas et petits bruits, un murmure douloureux qui s'assortit avec les normes du calendrier. À croire que l'on pourrait renoncer à l'adage qui veut que la mort et le malheur frappent au hasard. La loi des séries primerait justement sur celles du hasard, comme on craint parfois les soirs de poisse ; quand le sort s'acharne à démolir nos réticences face à la superstition. Tout cela est justement peu probable. Et finalement, les événements sont tels qu'ils sont, sûrement tels qu'ils devraient être. Mais cher Cloud, au cas où la contingence n'était qu'un masque, au cas où un vilain petit diable ou une quelconque volonté maligne travaillerait dans l'ombre à me pourrir la vie et celle de mon entourage, et bien que je ne t'accuse en rien, si tu étais en mesure d'entrer en contact avec celui-ci, toi qui est partout, je te saurais grée de lui transmettre un message ; je te le demande comme un service. Rappelle-lui les bienfaits du tricots sur les nerfs, l'intérêt supérieur de la belote dans la conservation d'éventuelles capacités intellectuelles, et surtout, le bonheur d'un joyeux commerce entretenu avec les siens, dans l'entre-soi ou j'invite ce petit démon à demeurer en la joie et la bonne humeur, et où je propose de circonscrire son esprit farceur. Loin des miens et de ceux qui me liront ici. Car Cher Cloud, dans ce registre, les blagues les plus courtes sont encore les meilleures.